Maisons et fermes : l'habitat à Orches

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Orches a conservé de nombreux éléments architecturaux dont les plus anciens datent du 15e ou 16e siècle : fenêtres avec arc en accolade.

La période de construction estimée des maisons et des fermes a été analysée à travers les sources cadastrales (jusqu'à la fin du 19e siècle) et les permis de construire (jusqu'en 1940 environ). Elle fait apparaître une répartition qui suit à la fois l'évolution démographique et urbanistique du territoire. Ainsi, la majorité des maisons du bourg ont été construites ex nihilo ou reconstruites entre 1890 et 1914. Dans les écarts, le bâti a peu évolué jusqu'en 1850 environ. Les transformations interviennent surtout à partir de cette date à travers la création ou l'agrandissement de dépendances agricoles (pressoirs, granges) puis au début du 20e siècle par le réaménagement de l'habitation en transformant des pièces, autrefois à vocation agricoles, en pièces d'habitation (souvent des chambres).

La grande majorité des fermes ont aujourd´hui perdu leur vocation agricole et/ou viticole.

Périodes

Principale : 15e siècle, 16e siècle, 17e siècle, 18e siècle, 19e siècle, 20e siècle

Maisons et fermes à Orches

L'habitat à Orches est constitué d'un bourg assez peu dense et de nombreux hameaux et fermes dispersés dans les écarts.

Les hameaux et les écarts

La commune compte plusieurs hameaux, appelés villages jusqu’au début du 20e siècle : Brez, Beauregard, les Tuileries, les Raboteaux, la Baudière et la Chapelle Soudun comptent ainsi en moyenne cinq fermes. L’essentiel du bâti rural est constitué de fermes isolées et dispersées sur l’ensemble du territoire.

Sur les 32 fermes repérées, 21 sont construites à bâtiments jointifs selon un plan déjà en place sur le plan parcellaire cadastral de 1826 et hérité des siècles passés. Les bâtiments, constitués d'une maison d’habitation et des dépendances agricoles, sont accolés les uns aux autres et leur structure délimite une cour centrale.

Celle-ci peut être entièrement close comme au Château, à la Duranderie, à la Ville Basse, à la Couture ou à la Sitière. Parfois, c'est la toponymie qui participe au clos de la ferme comme à la Caillerie dont les bâtiments sont construits perpendiculairement au coteau lui-même creusé à certains endroits en caves ou en abris.

La cour peut également être partiellement fermée. Dans ce cas, un ou plusieurs des côtés sont clos d’un mur et percé d’un portail, ce dernier donnant sur la rue. Le plan des bâtiments est alors dit en U (le Bois Gilet, La Plette) ou en L (le Haut Laudouard, les Clouzeaux). Ces structures originelles ont été modifiées peu à peu à partir du milieu du 19e siècle par l’ajout de nouveaux bâtiments -principalement des dépendances agricoles-, puis par la transformation des maisons d’habitations avec la construction d’un étage ou l’aménagement de dépendances (granges) entre 1920 et les années 1960.

Les fermes de plan allongé sont moins nombreuses (onze). La maison d’habitation et les dépendances sont en fond de parcelle et sont précédées d’une cour fermée par un mur surmonté le plus souvent d’une grille (le Haut-Bourg, la Caillerie, la Chapelle-Soudun).

Les toitures :

La forme des toits rencontrée est à deux pans principalement, plus rarement à longs pans et croupes, forme rencontrée sur des propriétés plus cossues (dépendances du Château, la Duranderie, le Bois Gilet). Le matériau principal utilisé est la tuile plate produite localement. Elle a été peu à peu remplacée par de la tuile mécanique, de la tuile canal (la Martinière) ou de l’ardoise. L’ardoise est surtout utilisée pour les maisons du bourg, et les demeures plus riches. Des faîtages de terre cuite sont encore visibles de même que des motifs réalisés sur certaines couvertures (la Duranderie).

Lorsque les chevrons ne sont pas apparents et débordants du toit (la Caillerie, la Mitonnière, le Bois Gilet), ils sont masqués par une corniche utilisée sur les maisons d’habitations cossues et sur certaines dépendances agricoles dont le larmier stoppe l’ascension des rongeurs qui menacent les greniers : c’est la transition entre le mur et le toit.

Les fenêtres, lucarnes et œils-de-bœuf :

Les ouvertures repérées sur les maisons et dépendances de la commune sont diversifiées par leur forme et leur période de réalisation comprise entre le 15e et le 19e siècle. Les plus anciennes sont des fenêtres portant un arc en accolade que l'on trouve à la Chapelle-Soudun et qui datent du 15e ou du 16e siècle. Les fenêtres à linteaux et piédroits chanfreinés sont également courantes bien que souvent murées (les Oudards, la Caillerie). Deux fenêtres à feuillures ont été repérées au hameau de la Baudière et au Breuil dont l'une porte sur son linteau le chronogramme 1611. Des œils-de-bœuf en pierre calcaire datant de la fin du 18e siècle ou du tout début du 19e siècle, et éclairant des escaliers ou des greniers, sont visibles au Bois-Gilet et à la Ville. Sur la maison d'habitation de la Duranderie, une fenêtre avec un entourage en pierre calcaire est surmonté d'un cadran solaire avec sa tige. La ferme de la Ville conserve une lucarne à surcroît surmontée d'un fronton triangulaire terminé par un pinacle.

Les portails :

Les portails les plus anciens sont construits en pierre avec une porte charretière en plein cintre encadrée d’une ou de deux portes piétonnes également en plein cintre avec claveaux et clé saillante. Le portail peut être aussi surmonté d’un linteau droit en bois ou en pierre supporté par deux coussinets en pierre (la Couture, la Baudière, les Clouzeaux, la Chapelle-Soudun). Le portail débouche soit directement dans la cour, soit sous un passage couvert qui abrite en partie haute un grenier (La Mitonnière). Peu de fermes cependant ont conservé leur entrée sous porche. Datant souvent de la seconde moitié du 18e siècle, ces porches ont été progressivement détruits (la Gilbarderie) ou murés (la Chapelle Soudun) pour laisser place à des entrées encadrées de piliers carrés (Reuzé) dont certains sont terminés par un toit en bâtière caractéristique du Richelais (la Cour-d’Orches, le Bois-Gilet).

L'intérieur de l'habitation :

Lorsqu'ils ont été conservées, les éléments de distribution intérieure, de décor, de chauffage et de lavage constituent autant d'indices pour dater le bâti.

Les escaliers :

Dans les fermes et l'habitat modeste des écarts, les parties hautes de l'habitat ne sont accessibles que par une échelle intérieure ou extérieure. La présence d'un escalier en pierre ou en bois est donc un indicateur sur la richesse des propriétaires. Ainsi, à la Chapelle-Soudun, une maison d'habitation conserve un large escalier en pierre d'environ 2 mètres de large qui dessert le premier étage, cette maison dépendait vraisemblablement d'un ancien prieuré. L'escalier peut dater du 17e siècle. Aux Clouzeaux, l'ancien logis est desservi par un escalier en bois desservant les trois niveaux du logement. Au hameau de la Baudière, l'escalier en pierre, plus modeste, communique au rez-de-chaussée avec l'évier.

La plus ancienne cheminée repérée date du 17e siècle (la Chapelle-Soudun) : adossée au mur, elle est dotée d'une grande hotte en pierre avec des piédroits moulurés. Les autres cheminées repérées ont été aménagées entre la fin du 18e siècle et le courant du 19e siècle (les Clouzeaux, hameau de la Baudière, les Bouteaux) : la cheminée est engagée dans le mur, la hotte peut être supportée par des corbeaux de pierre moulurés comme à la Baudière. La hotte et le trumeau présentent aussi parfois un décor sculpté comme aux Bouteaux.

Les pierres d'évier :

Cinq pierres à eau ont été repérées sur les façades de maisons (Beauregard, la Chapelle-Soudun, la ferme du Château, les Raboteaux, la Baudière). Elles correspondent à un évier intérieur qui a souvent disparu. Une rigole, doublée parfois d'un trou, permet l'évacuation des eaux usées. Un appareillage en pierre de taille encadre le plus souvent la pierre à eau, parfois, celle-ci est simplement constitué d'une pierre dont la forme permettrait l'évacuation (les Raboteaux). Au hameau de la Baudière, la pierre à eau extérieure communique toujours avec son évier de pierre intérieur.

Les dépendances des fermes

Les puits et les pompes :

La commune présente une diversité dans la forme de ses puits et dans leur implantation. 14 puits ou pompes ont été repérés. La plupart sont situés dans la cour des fermes (sept) et sont construits en pierre calcaire avec un toit voûté ou un toit plat couvert d'ardoise ou de tuile. Trois autres puits repérés sont insérés dans le bâti d'un mur de clôture ou d'habitation dont un est commun à une autre propriété (la Chapelle-Soudun). Les puits à margelles rondes et basses, protégés par un toit supportant un trépied en fer sont moins courants (deux). Enfin, un puits et une pompe ont été repérés sur le bord de la route au Martray et au Château. Beaucoup de puits présents autrefois dans les cours des fermes ont été bouchés et arasés (les Clouzeaux, Lauberderie notamment).

Les pigeonniers et les boulins à pigeons :

Orches conserve deux pigeonniers de plan circulaire construits antérieurement à la Révolution et situés à la Cour-d'Orches et à la Sitière. Partiellement effondrés et envahis par la végétation, il n'a pas été possible d'évaluer le nombre de boulins. Les boulins à pigeons sont plus nombreux et sont présents sur la majorité des fermes repérées. Ils sont groupés par deux ou en ligne, le plus souvent sur des dépendances (la Gilbarderie). Dans le bourg, deux pigeonniers de plan carré ont été aménagés dans le prolongement de dépendances au cours du 19e siècle.

Les fours à pains :

Huit fours à pains ont été repérés dont trois troglodytiques (La Riche, la Caillerie). Aménagés dans une dépendance ou construits indépendamment des autres bâtiments ils sont précédés d'une pièce et couvert d'un toit à un ou deux pans.

Les pressoirs repérés sont au nombre de quatre (la Plette, le Breuil, la Riche, la Chapelle-Soudun). Certains ont conservés leur vis.

Le bourg

Peu de nouvelles constructions sont bâties entre la levée du plan parcellaire cadastral et les années 1830. Les premières constructions/démolitions sont liées à l’aménagement de la route départementale de Poitiers à Richelieu au début des années 1840. Dans le bourg les témoignages bâtis hors église, antérieurs à la Révolution sont rares. On peut néanmoins distinguer des maisons basses dont les fondations peuvent remonter au 18e siècle avec une structure semi-rurale que l’on retrouve dans les hameaux et écarts et des maisons édifiées dans le courant du 19e siècle et au début du 20e siècle (avec chronogramme). Le décor se fait plus présent à partir des années 1870 avec linteaux sculptés, corniches moulurées et s’éloigne du centre bourg s’implanter le long de la route de Richelieu (La Folie).

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